mercredi 28 octobre 2015

Crime d'honneur, de Elif Shafak




Dans ce roman, l’auteure nous entraîne dans un petit village kurde au bord de l’Euphrate. Elle raconte l’histoire d’une famille de paysans  du fin fond de la Turquie, loin de l’agitation des grandes villes.

Avec simplicité et délicatesse, elle montre le visage d’une culture d’un autre âge, où le cours du temps semble s’être arrêté. Familles nombreuses, nécessité d’engendrer des descendants mâles, traditions, religion et superstitions intimement mêlées.

A travers l’enchevêtrement de toutes ces vies, elle aborde également le déracinement culturel, poussé par le besoin de trouver un emploi, de survivre. S’exiler en occident c’est porter sur son dos son passé, ses principes moraux, traîner derrière soi le poids de ses peurs et de ses regrets.

Sans jamais juger ni condamner, Elif Shafak incarne tour à tour le bourreau ou la victime, l’homme ou la femme, les anciens ou la nouvelle génération, celle qui est née dans le nouveau pays et tente d’y trouver sa place.

Difficile de s’intégrer dans une culture qui est en totale opposition avec celle de ces ancêtres. Trouver ses marques sans vaciller, être moderne tout en honorant sa famille.

L’honneur…parlons-en ! l’honneur d’une famille qui tient presque exclusivement à la vertu de ses femmes, mère ou filles, et qui peut conduire à bien des drames, à bien des vies brisées, des malheurs et du chagrin. 

Hommes et femmes sont enfermés dans un carcan éducatif dont le schéma se perpétue à travers les générations. Les mêmes principes sont transmis, de mère à enfants, et reflètent les valeurs d’une société. Comme c’est souvent le cas (toujours ?), les règles de bonne conduite sont impitoyables quand elles sont appliquées aux femmes, et bien laxistes quand il s’agit des hommes…

Au final, qu’il s’agisse des uns ou des autres, l’élan du cœur est ignoré, brisé et dévalorisé.


Le regard de l’auteure est comme toujours tellement plein de douceur et d’amour qu’il incite à la compréhension et à l’ouverture d’esprit.

Un sujet délicat abordé avec beaucoup de pudeur, un roman bouleversant…




vendredi 16 octobre 2015

L'effet domino, de Alex Scarow



J’ai appris par hasard que La théorie des dominos avait une suite…

Aussitôt achetée, aussitôt lue !

J’ai été ravie de me replonger dans ce scénario, de retrouver l’héroïne  et surtout d’apaiser la frustration et le goût d’inachevé que  j’avais ressenti en refermant le premier tome.

La théorie des dominos était axée sur la période de l’effondrement pétrolier, et le début du chaos qui en a résulté. L’effet domino quant à lui se déroule essentiellement une décennie après ce bouleversement.

Comment l’humanité a-t-elle survécu sans pétrole ? Comment les survivants se sont-ils organisés ? L’homme va-t-il reproduire les mêmes erreurs ? Va-t-il tout faire pour retrouver son petit confort d’avant ? Les schémas de l’histoire sont-ils condamnés à se reproduire ?

J’ai trouvé que ce roman était qualitativement bien supérieur au précédent, à tous points de vue. La qualité de l’écriture, la richesse du récit, le suspense et toutes les émotions que j’ai pu ressentir au fil des pages.

A travers cette histoire, l’auteur attire notre attention sur notre mode de vie et sur la pérennité des sociétés de consommation….Mais comme il le dit lui-même à la fin du livre (et qui résume bien l’état général, je pense) :


«  Mais suis-je convaincu que les gens se réveilleront à temps et prendront ces décisions pénibles ? Pfft ! Non, je ne le crois pas. Nous sommes pareils à des enfants….incapables de résister aux récompenses, de renoncer à nos privilèges, de vivre sans notre petit confort et sans tout ce que nous possédons et qui nous aveugle. Nous nous contentons de rester assis tranquillement à regarder le monde courir à sa perte. »